Ce livre a paru en anglais en 2016 sous le nom de X  et a été traduit en français en 2017.  Cette fiction passionante écrite par la fille de Malcolm X, ILYASAH SHABAZZ et la co-autrice KEKLA MAGOON.  Le récit est rédigé à la première personne et est raconté par Malcolm X.  Il concerne le début de sa vie jusqu'à la vingtaine lorsqu'il se trouve en prison et se convertit à l'Islam tout en devant un intellectuel, car à ce moment il a compris que l'éducation était la voie de la liberté après avoir atteint le fond.  Il a saisi que l'histoire des Afro-Américains n'a pas commencé avec l'esclavage, mais qu'ils sont descendants de civilisations sur le continent africain.  L'acquisition de ces connaissances et de cet héritage l'ont rendu fort.  Ce livre est le plus puissant et sagace écrit sur Malcolm, mis à part son autobiographie rédigée avec Alex Haley.  Il a fallu que ce soit écrit par sa fille qui l'a connu de près et l'aimait profondément.

À la fin du livre, on retrouve une belle note de la fille considérée comme une postface. L’ouvrage permet de mieux comprendre la grande influence que le père et son départ précoce ont eu sur la vie de Malcolm X. Ce dernier a longtemps erré tout en étant égaré et s'est ainsi perdu dans la délinquance (due à de nombreuses forces externes telles que le système Jim Crow (créant des inégalités structurelles, etc.), la Grande Dépression de 1929, la destruction de la famille de Malcolm X suite à l'assassinat de son père dû aux suprémacistes blancs et à l’internement de sa mère dans un asile qui a causé la séparation ainsi que le placement de la fratrie par les services sociaux) pour finalement retourner aux sources. Vu que la fille a perdu tôt son père, elle s'est basée notamment sur les souvenirs de sa mère, oncles et tantes pour reconstruire de manière fictive la jeunesse de son père. La fille a voulu partager cette histoire pour donner espoir aux gens qu'il est toujours possible de se réhabiliter comme son père a réussi à faire. Ce récit peut représenter une grande source d'inspiration pour plusieurs. Il serait intéressant qu'un documentaire tiré de ce livre soit fait, car bien qu'il soit fictif, plusieurs faits et personnages mentionnés relèvent de la réalité. D'ailleurs, à la fin du livre, on trouve des notes explicatives.

L'ouvrage contient des renseignements fort intéressants comme l'arbre généalogique de Malcolm X, sa chronologie et le contexte historique des États-Unis de 1925 à 1965. Le bouquin fait référence aussi à l'art qui a dénoncé ce que l'on faisait subir aux Noirs durant cette période. Par exemple, on évoque le classique de la chanson Strange Fruit (écrite par le juif Lewis Allen) de la grande chanteuse jazz Billie Holiday. Celle-ci, dans sa fameuse chanson, allègue de façon métaphorique le lynchage. On a pratiqué la censure dans les radios américaines qui ne diffusaient pas cette chanson à l’époque mais elle a fait tout de même son chemin et elle est connue mondialement. Lewis Allen était un pseudonyme. Le vrai nom de l'auteur-compositeur était Abel Meeropol. Il importe de noter que de nombreux Juifs-Américains avaient de l'empathie pour ce que l'on faisait subir aux Afro-Américains, car historiquement depuis des millénaires ils ont dû combattre l'antisémitisme. Durant la marche de Washington du 28 août 1963 où le Dr MLK a prononcé son discours historique « Je fais un rêve », la moitié de l'audience était juive. Tous ces événements ont eu lieu durant la vie de Malcolm X, qui est malheureusement décédé moins de deux ans après la marche. On retrouve plusieurs personnages dans le livre. Certains sont réels (comme Shorty, l'ami de Malcolm X qui figure dans le film de Spike Lee sorti en 1992 où il interprète ce rôle) et d'autres fictifs. Les dynamiques concernant les relations raciales sont explorées dans le roman ainsi que les autres facteurs qui en découlent. Malcolm X représente la vie d'un homme qui était un nationaliste noir et qui est devenu un panafricaniste, tout en ayant une vision internationale de l'Islam, à savoir qu'à travers ses voyages il a saisi qu'il existe des musulmans de toutes origines. Son emprisonnement lui a permis de développer une conscience sociale et politique avec les mécanismes mis en place (par exemple, l'inaccessibilité des Noirs américains à un système d'enseignement élitaire, l'interdiction pour ce peuple d’occuper des emplois bien payés1, etc.) pour assujettir et étrangler les Afro-Américains. Il est ainsi devenu un partisan de l'autodétermination de manière multidimensionnelle, notamment au niveau économique, social et politique. La fille présente donc l'évolution de son père dans son livre. L'ouvrage se termine avec une riche bibliographie permettant d'approfondir la recherche.

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1 Cette situation concernait les Noirs quel que soit leur niveau d’instruction.  Par exemple, durant les années 50-60, il n’y avait même pas dans tout le pays 10 afro-américains neurochirurgiens.  Ces derniers recevaient un tiers de moins que le salaire des médecins blancs américains dans cette spécialité, l'une des plus lucratives.  D’autres professions rémunéraient moins les Noirs comparativement aux Noirs comme les enseignants durant la ségrégation.  Le NAACP a dû faire des poursuites légales.  Cette violence économique n’a pas permis aux Noirs de créer une richesse intergénérationnelle.  Source:  https://www.nber.org/system/files/chapters/c8794/c8794.pdf.