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Le portrait de l'impératrice Soraya |
Written by Patricia Turnier |
Sunday, 13 October 2024 20:20 |
Dans cette biographie, nous utiliserons surtout les termes altesse impériale ou impératrice car ce sont ces vocables utilisés dans les autobiographies de Soraya mentionnées ci-dessous. Nous tenons à noter que souvent d’autres mots sont utilisés pour la désigner comme princesse et reine. L’impératrice Soraya est née au début du siècle dernier, plus précisément en 1932. Soraya Esfandiari Bakhtiar (en persan: ثریا اسفندیاری بختیاری)1 est issue d’une famille de 2 enfants. Son père était un noble (le grand-père paternel de Soraya était un chef suprême de la tribu des Bakhtiari sur les terres possédant d’importants gisements de pétrole) et l’ambassadeur iranien de l’Allemagne de l’Ouest de 1951 à 1961. Sa mère, Eva Karl, était une Russe née en Allemagne. La princesse Soraya avait donc en elle des origines européennes et orientales. Elle a été élevée à Berlin et en Iran, elle a aussi reçu son éducation à Londres et en Suisse. La famille de Soraya a longtemps été impliquée au niveau du corps diplomatique et du gouvernement iranien. Par exemple, son oncle Sardar Assad fut l’un des principaux acteurs au début du siècle dernier lors de la révolution constitutionnelle persane. Durant la Deuxième Guerre mondiale, la famille a fui le nazisme. En 1948, Soraya a fait la connaissance du dernier Shah d’Iran, le Shah Pahlavi récemment divorcé à Londres. À l’époque, elle terminait ses études secondaires en Angleterre. Peu de temps après, le couple était fiancé. En 1951, le mariage a eu lieu (ce fut la période de la nationalisation du pétrole iranien) quand Soraya avait 19 ans. Pour la cérémonie, le couple a reçu des cadeaux du président américain Truman et de sa femme, du roi George VI et de la reine Elizabeth, etc. Il y avait 2000 invités au mariage qui s’est déroulé au palais du Golestan à Téhéran. Suite à cette célébration, la reine Soraya s’est occupée des oeuvres de charité en Iran en prenant la direction de l'association de bienfaisance de sa nation. Son règne en tant qu’impératrice n’a pas toujours été de tout repos. Par exemple, il y a eu un coup d’état du Premier ministre, le docteur Mohammad Mossadegh en 1953 ce qui a obligé le couple à s’exiler provisoirement en Italie. Le fait que l’altesse impériale Soraya avait plusieurs cultures en elle a peut-être contribué aux difficultés dans son mariage avec le Shah. D’ailleurs, il a été rapporté que l’impératrice a reconnu ne rien connaître de l’Islam. Elle a été élevée dans la religion catholique, donc en tant que chrétienne. L’infertilité de la princesse a représenté la goutte d’eau qui a fait déverser le vase concernant l’union. Elle a refusé que le Shah prenne une deuxième épouse pour qu’il ait un héritier. Elle était aussi contre le fait qu’il renonce au trône afin que son demi-frère prenne la relève. Pendant des millénaires, l’Iran a eu des dynasties, il importait donc qu’on s’assure de l’existence d’une succession. L’impératrice a ainsi quitté son mari en mars 1958 pour rejoindre ses parents en Allemagne. Le divorce a été prononcé au courant de la même année lorsque Soraya avait 25 ans. Suite au divorce, on lui a donné à vie le titre de princesse impériale, un passeport diplomatique et suffisamment d’argent afin de mener une vie facile. Son ex-mari lui a offert un appartement en France de trois millions de dollars et une pension mensuelle de 7 000 dollars qu’elle a touchée jusqu’à la fin de sa vie. Au début des années 60, Soraya s’est installée au Mexique à cause de menaces de mort pesant sur la famille du Chah, puis elle vécut à Paris. Dans son autobiographie (publiée en 1964) écrite en allemand et traduite en anglais, la princesse impériale partage avoir été très triste après le divorce et qu'elle n'a plus du tout eu de contact avec le Shah d'Iran. Par contre, à la fin de l’ouvrage, elle conclut qu’il importe pour elle de demeurer positive malgré les hauts et les bas que la vie nous réserve. L’écriture de son livre a représenté une catharsis pour elle et lui a permis de se relever. Soraya était une femme très élégante. D’ailleurs, on retrouve dans ses mémoires de belles photos. Le nom du livre dans la langue de Shakespeare était Soraya the autobiography of her imperial highness. Une deuxième autobiographie a été écrite en français en 1991 avec le titre Le palais des solitudes qui a été traduite ensuite en anglais. Soraya est décédée à Paris le 25 octobre 2001 à l'âge de 69 ans. Son frère cadet, Bijan, venu à Paris pour l’enterrement de sa sœur est mort soudainement juste avant le service. Au fait, il est mort une semaine après le décès de sa sœur et il aurait exprimé ne plus avoir personne dans sa vie à qui se confier. En 2003, un film (une production italo-allemande) en anglais a été fait pour la télévision qu’on intitulait Soraya. Il s’agit d’un beau long métrage permettant de découvrir l’histoire, les traditions et les coutumes de l’époque concernant particulièrement l’Iran. Tout a été fait avec goût, les scènes d’amour, les décors, les costumes, etc. Par contre, le film ne montre pas la vie de Soraya après qu’elle ait quitté le Chah. Les acteurs du film ont été bien choisis, celui qui fait le Shah lui ressemble. L’impératrice Soraya ne s’est jamais remariée. Elle était communément reconnue en tant que la princesse avec des yeux tristes. Soraya n’a pas été chanceuse en amour. Elle a fréquenté des années après son divorce le réalisateur italien Franco Indovina avec qui elle a vécu pendant neuf ans. Cette relation a cessé brusquement suite au décès tragique de cet homme lors d’un accident d’avion en 1972. Soraya a vécu seule jusqu’à sa mort. Lorsqu’elle a su que son ex-mari mourait d’un cancer à la fin des années 70, elle lui a écrit lui témoignant son amour tout en mentionnant qu’elle souhaiterait le voir. Il lui a écrit tout en lui faisant savoir qu’il aimerait la revoir. Quand elle est arrivée en Égypte, il était déjà malheureusement décédé au Caire en 1980. Soraya ne communiquait pas avec la troisième femme du Shah qui vivait pourtant dans la même ville qu’elle, c’est-à-dire à Paris. La vie de l’ex-impératrice d’Iran fascine tellement le monde entier que sa biographie a été traduite en 38 langues sur Wikipedia ce qui est rare pour une personnalité. Une autrice-compositrice française Françoise Mallet-Jorris a écrit une chanson en son honneur suite à son divorce intitulée "Je veux pleurer comme Soraya". Soraya était intelligente. Elle était polyglotte à savoir qu’elle parlait quatre langues: le français, l’anglais, l’allemand et le persan. D’ailleurs, depuis longtemps, on exigeait dans les monarchies que les membres parlent plusieurs langues, ce qui facilite les relations internationales. Avant de rencontrer le Shah, elle avait l’intention de devenir actrice. Il s’agissait d’une femme élégante et qui avait de la classe. L’impératrice était fascinée par Hollywood. Grace Kelly et Bob Hope faisaient partie de ses célébrités préférées. D’Ailleurs, comme on le sait, Grace Patricia Kelly, actrice, est devenue comme elle une princesse après. Entre 1953 et 1998, en tant qu’actrice Soraya a interprété quelques rôles. En guise de conclusion, on rapporte que Soraya a perdu son titre d'impératrice suite à son divorce mais elle a reçu l’autorisation de garder celui de princesse royale. Par contre, elle est restée dans le cœur des Iraniens et jusqu’à présent on la considère comme une impératrice.
------------------------------- 1 Source: wikipedia.org |