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Critique du livre poignant: Ma mère mon bourreau |
Written by Patricia Turnier |
Thursday, 26 September 2024 12:59 |
Ce livre avec son titre antinomique lève un grand tabou concernant notamment la maltraitance maternelle. L'auteure a réussi à s'en sortir malgré son enfance difficile ce qui démontre une grande résilience hors du commun. Le sujet est tellement tabou que le public ne connaît pas le nom complet de l'autrice (au fait, un pseudonyme a été utilisé). Cette dernière a eu le courage de relater ce dont une génitrice (n’ayant aucune fibre maternelle et dénuée d'empathie) est capable de faire subir à ses enfants notamment Élisa. Celle-ci durant son enfance et une grande partie de son adolescence ne vivait pas, elle ne faisait qu’exister tout en essayant de survivre. Le milieu familial ne représentait pas du tout une oasis de paix. et en plus l’auteure a subi de l’intimidation scolaire. Aucune intervention n'a été faite à l'école pour qu'elle ne soit plus harcelée par les autres étudiants (d'ailleurs les établissements scolaires devraient recevoir de sévères sanctions pour ce genre de passivité). Ce n'est pas avant ses 16 ans qu'elle a pu s'extirper de son enfer et particulièrement de son harpie grâce aux autorités. Elle a réussi à rencontrer après sur son chemin des gens bienveillants. Une famille peut donc être une affaire de cœur, le lien biologique ne garantit pas tout. Élisa est issue d'une famille dysfonctionnelle dont ses deux parents étaient défaillants. Les enfants devaient vouvoyer les parents ce qui ne créait pas du tout des liens chaleureux mais plutôt des rapports de domination. La génitrice alcoolique et méchante s'est débarrassée du père. Elle a introduit un homme alcoolique, vil et pédophile dans sa famille qui a abusé psychologiquement, physiquement et sexuellement des enfants. La génitrice-mégère le savait et n’a rien fait. Élisa T. a 7 frères et sœurs. Depuis un très jeune âge, on s'est arrangé pour qu'elle assume des tâches domestiques qui devaient être assumées par les adultes de la maison. Ceci est très misogyne et l’auteure a été utilisée comme une esclave domestique. Il est possible que la marâtre d’Élisa T. fût jalouse et envieuse d’elle car les gens bien dans leur peau ne se comportent pas comme elle l’a fait. Vu que ces adultes n’ont pas réussi entre autres sur le plan professionnel, ils ressentaient certainement le besoin de prendre leur revanche dans l'intimité. En sus, peut-être que la génitrice vieillissante percevait Élisa T. comme une rivale puisqu’elle était une femme en devenir. Les rôles principaux d’un parent sont de protéger et de défendre ses enfants (tout en les tirant vers le haut) ce qui n’a aucunement été fait dans la famille d’Élisa T. Il n’existait pas non plus de cohésion parmi la fratrie car les adultes les divisaient. En sus, on a donné la responsabilité à Élisa T. de s'occuper de sa fratrie. Elle a eu peu de temps pour ses études et il est impressionnant qu'avec un tel parcours elle soit capable de publier une autobiographie bien écrite. Son histoire a la capacité de voyager dans le monde entier car malheureusement, on peut retrouver dans n’importe quel pays des enfants maltraités quelles que soient leurs origines et classes sociales. Tous ceux qui ont eu ou ont des parents ou des tuteurs abusifs se retrouveront dans cet ouvrage. L'histoire d'Élisa T. a eu lieu au Québec et malencontreusement en la lisant on a l'impression de découvrir un récit moderne d'Aurore l'enfant martyre qui a marqué le Québec au début du siècle dernier et ce, jusqu'à présent car aucun parent au Québec n'ose appeler sa fille Aurore. Personne dans la pseudo-famille d’Élisa T. même élargie ne lui est venu en aide. Il aurait été intéressant de savoir si sa fratrie a également réussi à s’en sortir. Il aurait été aussi intéressant de savoir si Élisa T. est devenue mère, si elle a su créer sa propre famille, etc. Il aurait été pertinent de savoir comment elle s’est reconstruite: a-t-elle suivi une thérapie ?, etc. Vu que l’auteure a écrit d’autres livres1 après elle a probablement jugé pas nécessaire de développer sa vie adulte et a fait le choix de terminer son autobiographie à la fin de son adolescence. Il aurait été bien aussi de découvrir quand et comment ses parents ont été déshumanisés ? Que s’est-il passé dans leur enfance, etc. ? Y a-t-il eu de la violence intergénérationnelle… ? Ceci n’excuserait aucunement leur comportement mais leur histoire familiale permettrait de comprendre davantage la situation. Malgré tout le livre demeure excellent et touchant. En outre, il peut donner espoir à ceux qui sont issus de familles malsaines et dysfonctionnelles. La violence envers les enfants est un problème de société car il n’est pas normal que personne n’ait agi dans le cas d’Élisa T. pendant 16 ans (je n’ai jamais cru au vieil adage qui aime bien châtie bien car cela peut ouvrir la porte à bien des abus). De plus, il existe un déni collectif concernant la violence maternelle. Cela a dû demander beaucoup de vaillance pour l’autrice de raconter son histoire. Lorsque des enfants se font tuer par certaines génitrices (d’ailleurs la harpie d’Élisa T. a fait plusieurs tentatives), souvent les sentences sont clémentes. On a seulement enlevé Élisa T. de la famille et ses parents-tortionnaires n’ont aucunement été inculpés. Cela soulève bien des questions. Les parents ne doivent pas avoir tous les droits sur leurs enfants qui ne sont pas leurs propriétés ni leurs objets ou leurs marionnettes. En d’autres mots, la suprématie parentale n’a aucunement sa place dans l’éducation des enfants. Il existe malheureusement des pays où les droits des enfants ne sont pas reconnus et ce ne sont pas toutes les nations qui ont signé la Convention relative aux droits de l’enfant. D’autres l’ont signée mais n’ont pas mis en place une réelle structure pour protéger les mineurs. Les États-Unis font partie des rares pays dans le monde permettant aux moins de 18 ans de s'émanciper légalement de leurs parents défaillants, abjects et indignes.
Le livre est disponible sur www.amazon.ca, .fr et www.renaud-bray.com
----------------------------------- 1 Une mini-série québécoise a été faite pour l'une des suites de ce livre. La protagoniste Élisa T. est interprétée par Céline Dion. La mini-série porte le nom éponyme de l'ouvrage Des fleurs sur la neige. On peut la voir à ce lien: https://www.youtube.com/watch?v=pUcEfmSpabA&;. Céline Dion a très bien joué le rôle, on n'a pas du tout l'impression de voir la chanteuse. La mini-série a très bien été accueillie et elle a été sous-titrée en anglais ainsi qu'en espagnol et portugais. |