Accueil Emplois L'importance du mentorat au Québec dans le contexte de la crise économique
L'importance du mentorat au Québec dans le contexte de la crise économique PDF Print E-mail
Written by Doudou Sow ([email protected])   
Sunday, 07 November 2010 12:51

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le mentorat, une relation de soutien axée sur des objectifs de  développement professionnel, constitue un outil de perfectionnement incontournable dans le contexte de ralentissement économique.  Certaines personnes immigrantes se retrouvent souvent dans une situation où elles ont besoin d’être guidées dans leur choix de retour aux études ou par la recherche d’un emploi permanent. Le mentor est la personne idéale pour les aider à résoudre ce dilemme afin de les aider à bien réussir leur processus d’intégration.

1) Déconstruire certains mythes

On pourrait observer deux types de profils de personnes immigrantes qui se questionnent sur leur avenir dans un contexte économique difficile.  Les nouveaux arrivants de minorités visibles sont tentés de baisser les bras pendant la crise économique. Ils justifient parfois leur manque de motivation par un contexte de morosité économique. Avec un taux de chômage élevé (9,1 % au mois d’août, 8,8% au Québec au mois de septembre 2009), ils sont découragés et perdent leur estime de soi et rangent ainsi aux armoires de l’oubliette toutes leurs techniques de recherche d’emploi. Certains restent dans des emplois précaires tout en attendant de voir passer la crise économique. Il est fréquent d’entendre certains d’entre eux dire que : « la recherche d’emploi ne mènera à rien puisque les travailleurs qualifiés québécois  expérimentés sont au chômage. » Ils tirent la conclusion qu’ils sont moins positionnés pour obtenir un emploi dans le contexte actuel.  D’autres personnes immigrantes se disent également que puisque la crise économique est une réalité, il vaut mieux retourner aux études coûte que coûte sans passer par les conseillers d’orientation ou sans valider ce choix par un professionnel qui est dans le même domaine.

Dans le counselling individuel, les conseillers en emploi sont souvent confrontés aux chercheurs d’emploi qui se tournent vers de longues études  (3 ou 4 ans) sans se frotter au préalable aux réalités du marché du travail. Résultat des courses, ces personnes immigrantes, au bout de deux mois, se rendent compte de leur mauvais choix de formation en termes de pertinence, de temps et d’opportunités d’emploi. À ce moment, pourquoi ne pas utiliser les services d’un mentor qui peut valider leur choix de carrière ou leur objectif d’emploi. La valorisation du diplôme québécois qui est certes une réalité doit aussi être validée par des personnes ayant fait le même choix de carrière.

2) Le mentorat au CJE Bourassa-Sauvé : un coup de pouce à l’intégration des minorités visibles

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Pour la période de juillet 2008 à juin 2009, 31 personnes ont été jumelées dans le  cadre du projet Mentorat. De ce nombre, quatorze personnes de minorités visibles ont obtenu un emploi dans leur domaine et six sont retournées aux études afin de mettre à jour leurs connaissances.

Un des participants qui a bénéficié de ce programme novateur témoigne de la pertinence de cet outil.

Christophe Djingou, courtier en assurance de dommages des particuliers chez Dale Parizeau Morris Mackenzie, une entreprise spécialisée dans le domaine du courtage d’assurance des entreprises, assurance de personnes et assurance collective, témoigne de la pertinence du mentorat : « Le programme mentorat a été très enrichissant pour moi en ce sens qu'il m'a apporté une réelle valeur ajoutée dans mes démarches de recherche d'emploi. Concrètement, les diverses rencontres avec mon mentor m'ont permis de discuter des stratégies à mettre en œuvre: les entreprises cibles, la simulation des entretiens, des conseils pratiques sur ce  qu'il faut faire ou ne pas faire et d'approfondir mes connaissances sur les réalités culturelles en emploi en Amérique du nord. » 

L’approche psychosociale est importante en période de crise économique comme l’indique ce néo-Québécois d’origine camerounaise : « Les rapports avec mon mentor ont été excellents. Disponible et compétent, il a toujours été prêt à répondre à mes questions et à apaiser mes inquiétudes. »

Le mentorat a aussi élargi ses réseaux de contacts : «  Mon mentor a entrepris des démarches auprès d'une de ses connaissances à qui il a référé ma candidature. Il est à noter que j'ai continué à faire personnellement mes démarches d'emploi parallèlement avec les démarches du mentor.»

La motivation du mentoré est nécessaire dans la relation d’aide pour ne pas décourager le mentor qui donne bénévolement de son temps. Les objectifs et les attentes de l’accompagnement doivent être aussi réalistes.

Quand vient le temps de trouver des références, les personnes immigrantes sont souvent confrontées aux difficultés d’en trouver au début. Un autre atout du programme réside dans la possibilité d’obtenir une troisième référence dans le cadre des entrevues de sélection : « Au moment où j'ai trouvé mon emploi actuel, le recruteur a contacté mon mentor et ce dernier a fait des commentaires très positifs sur ma personne. Tout cela a contribué à rassurer mon employeur et favoriser mon recrutement. » Il poursuit : « Trois jours après avoir été recruté, l'entreprise à qui l'ami de mon mentor avait référé ma candidature m'a contacté pour me proposer un poste que j'ai décliné parce que j'étais déjà à l'emploi. »

Il conclut en disant que « le programme  mentorat a été un succès pour moi et je n'hésiterais pas à le recommander. »
Le mentoré doit être proactif afin de tirer le maximum d’informations de son mentor. Pour que le programme soit une réussite totale, le mentoré doit exprimer de manière claire au début de l’accompagnement ses besoins afin que le mentor puisse le conseiller dans son cheminement personnel et professionnel.  Le mentorat, qui est une relation d’aide et un mode d’apprentissage efficace, permet aux nouveaux arrivants, dans un processus de transition professionnelle, de mieux comprendre la culture du monde du travail au Québec.

 

L’auteur de cet article, Doudou Sow ( This e-mail address is being protected from spambots. You need JavaScript enabled to view it ) vit au Canada.  Il est un sociologue de formation, spécialisé en Travail et organisations.  Il est actuellement conseiller en emploi pour le projet Québec-Pluriel Mentorat au Carrefour jeunesse-emploi Bourassa-Sauvé (Canada).  Il a accordé des entrevues à la Société d’État Radio-Canada International.  Il a aussi été conférencier  (à l’Université de Montréal en 2009) .